
Serge Fiori & David Laflèche — L’instant suspendu
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Il y a des artistes qui ne meurent jamais vraiment. Leur voix, leur souffle, leur musique traversent les générations comme une rivière souterraine qui refait surface là où on s’y attend le moins.
Serge Fiori faisait partie de ceux-là.
Le 24 juin 2025, jour de la fête nationale du Québec, le maestro de la chanson progressive québécoise s’est éteint, laissant derrière lui un héritage immense, intime, et profondément enraciné dans l’âme collective. Il aura droit à un hommage national, et il le mérite.
Mais aujourd’hui, j’aimerais qu’on parle aussi d’une collaboration discrète, mais précieuse : celle entre Serge Fiori et David Laflèche, deux artistes que tout semblait opposer… sauf l’essentiel.
🌿 Quand la guitare de David rencontrait le souffle de Serge
David Laflèche n’est pas qu’un guitariste. C’est un alchimiste sonore. Il sculpte des espaces musicaux où la voix peut respirer, où le texte peut résonner, sans jamais être étouffé par la technique.
Avec Serge Fiori, le défi était tout autre. Serge n’avait pas besoin d’un musicien. Il avait besoin d’un allié spirituel.
Et c’est ce que David est devenu.
Leur collaboration n’a pas été tapageuse. Pas de single radio, pas de grande annonce. Juste des moments de création partagés, des arrangements subtils, des instants suspendus — à la guitare ou en studio — où le silence comptait autant que les notes.
“Fiori, c’est quelqu’un qui t’oblige à écouter autrement. Et David a compris ça dès la première mesure.”
— m’a confié un proche collaborateur.
🌙 Une musique pour méditer, pas pour distraire
La force de Serge Fiori a toujours été de nous emmener ailleurs, sans jamais vraiment quitter le Québec.
De Harmonium à ses œuvres solos plus introspectives, il a tracé un chemin unique : celui de la conscience, de la douceur et de l’éveil.
David, de son côté, sait que la musique peut être une forme de prière, de contemplation. Et c’est cette philosophie commune qui a rendu leur travail si puissant.
Lors de sessions privées, concerts intimes ou co-réalisations d’arrangements, David s’effaçait pour mieux faire vibrer la lumière que Fiori portait en lui. Pas besoin de surenchère. Juste un accord juste. Une vibration. Une note qui reste.
📀 Ce qu’ils ont partagé, au-delà des notes
On parle ici d’un travail de l’ombre, mais pas de l’obscurité.
David Laflèche a participé à revisiter certains titres légendaires de Serge, en leur offrant une seconde peau : plus dépouillée, plus méditative, parfois presque instrumentale.
Dans des projets spéciaux ou collaborations ponctuelles, leur complicité se ressentait dans le tempo respiré, dans le choix des silences, dans la hauteur d’un accord suspendu comme une pensée non dite.
“Ce n’est pas le rôle de l’arrangeur de faire briller la chanson. C’est de l’écouter jusqu’à ce qu’elle parle toute seule.”
— disait souvent David. Avec Fiori, cette phrase devenait une évidence.
🕊️ Le 24 juin ne sera plus jamais le même
Que Serge Fiori nous quitte le jour de la Saint-Jean, ce n’est pas un hasard. C’est un dernier clin d’œil poétique. Une offrande symbolique à un peuple qu’il a accompagné en musique depuis 50 ans.
Et dans cet hommage national qui s’annonce, le nom de David Laflèche résonnera peut-être en filigrane, dans les cœurs de ceux qui savent combien son écoute et sa sensibilité ont contribué à faire vibrer l’œuvre de Fiori autrement.
Car il n’a pas besoin d’être sur scène pour être présent. Son travail auprès de Serge, discret mais essentiel, fait désormais partie du paysage sonore de cet héritage. Une forme de présence invisible, mais profondément ancrée dans la mémoire musicale.
🙏 Ce que cette collaboration nous laisse
Elle nous rappelle que la beauté est parfois discrète, qu’elle se cache dans les détails, dans l’écoute, dans l’alignement entre deux sensibilités profondes.
Elle nous montre qu’il est encore possible aujourd’hui de créer sans pression, sans ego, sans stratégie. Juste pour le vrai. Pour le beau. Pour le vivant.
Et dans un monde qui court sans arrêt, la lenteur de Serge et la précision de David sont peut-être l’une des plus belles réponses qu’on puisse offrir.