
Loud & David Laflèche — Une rencontre entre le beat et le bois
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À première vue, tout les oppose.
Loud, figure de proue du rap québécois, habite le bitume, les néons, les rimes tranchantes et les introspections nocturnes.
David Laflèche, lui, vient du bois, du folk, du silence entre deux notes, de la lumière chaude d’une guitare acoustique.
Et pourtant… il a suffi d’un projet, d’une session, d’une idée bien placée, pour que leurs univers se croisent. Et que l’improbable devienne évident.
🎙️ Deux codes musicaux, une même sensibilité
Ce qui a surpris dès leur première collaboration, ce n’est pas le choc des mondes. C’est leur profonde écoute mutuelle.
Loud écrit comme on vide un journal intime à l’encre froide. David joue comme on raconte une histoire autour d’un feu. Les mots de l’un sont nets, presque chirurgicaux. Les accords de l’autre sont ronds, enveloppants.
Et quand on les superpose… ça marche.
Ce n’est pas une fusion forcée. C’est une tension créative parfaitement dosée, un équilibre entre la rage contenue et la tendresse qui guette.
🎵 Réinterpréter sans diluer
Dans une session acoustique réalisée en toute simplicité, David a réarrangé l’un des titres phares de Loud, transformant la structure dense et rythmée du morceau en une version presque dépouillée, presque fragile.
La voix de Loud, d’habitude portée par des beats lourds, flottait ici au-dessus d’une guitare douce, d’un accord mineur suspendu, d’un silence qui en disait long.
Et soudain, les paroles prenaient un autre sens.
On n’écoutait plus un rappeur. On écoutait un homme qui doute, qui cherche, qui aime.
🧠 Ce que David a su faire, c’est décoller l’image
Dans le rap, tout est souvent affaire d’image. De force, de posture.
Mais David Laflèche n’écoute pas une image. Il écoute ce qui se cache derrière.
Il ne cherche pas à "adoucir" Loud. Il ne le transforme pas en chansonnier. Il ouvre une autre porte, un autre rythme, un autre timbre. Et Loud, en artiste intelligent, entre sans forcer.
Cette collaboration, c’est une leçon de lâcher-prise, de vulnérabilité assumée, de ponts qu’on croyait impossibles à bâtir.
💬 “Le silence, c’est là que tu entends si ton texte est vrai.”
C’est une phrase que David aurait pu dire. Et c’est un défi que Loud a relevé.
Quand on enlève les beats, le reverb, l’autotune, il reste le mot nu. Et si le mot tient, c’est qu’il est juste.
C’est ce qu’a montré leur collaboration : le rap n’a pas besoin de hurler pour être puissant. Il peut chuchoter, et frapper plus fort encore.
🌆 Et toi, as-tu déjà entendu le rap… autrement ?
Peut-être que la prochaine fois que tu écouteras Loud, tu feras pause sur les adlibs et les kicks. Peut-être que tu chercheras ce que raconte sa voix quand elle est seule, sans décor.
Et dans ce silence-là, si tu tends bien l’oreille, tu pourrais reconnaître une guitare de David Laflèche, quelque part entre deux mesures.
Invisible, mais essentielle.